Lettre 2
II
C'est la rentrée, il n'y a pas de mes amis dans ma nouvelle classe. Si je suis seul, tu me verras flâner sur les rivages du lycée. Je serai assis sur un banc dans le square, en train de t'écrire les lettres que je t'enverrai. Et puis, des gamins arriveront jouer à la balançoire. Des cris, des pleurs. D'autres lycéens viennent déjeuner. Trop de bruit, pas de place pour nous.
Il y a le pont Marie à côté. Comme c'est facile quand tu es près de moi. Je suis porté sur l'anse de nos regards.
Puis arrive l'heure. Entre les grilles du square, je suis le seul habitant de nos vallées imaginaires. Tu me consoles en me disant qu'
« Il faut aimer la vie, et l'aimer même si
Le temps est assassin et emporte avec lui
Les rires des enfants
et les mistrals gagnant
»
Quand je joue cette chanson au piano, c'est pour toi que je chante. Tu as beaucoup souffert
L'étreinte de nos mots nous réconforte.
Tu me suis secrètement dans les galeries. Je ne sais pas m'endormir dans le wagon de métro, tu veux toujours me surprendre quand les portes métalliques s'ouvrent. C'est drôle comme la vie est là quand nous avons terminé nos chagrins. Achevons les vite.