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17 novembre 2004

Lettre 11

XI

 

     Tout, la vie et le monde, me déçoit. Quelqu'un m'a dit qu'il ne fallait pas trop en attendre des autres, sinon on est souvent déçu. Je crois que c'est la vie qui a fini par me décevoir. Je n'ai plus vraiment foi en quoi que ce soit, ni qui que ce soit. Jusqu'alors je me balançais entre le repli sur soi et l'ouverture sur le monde. D'un extrême à l'autre selon mes humeurs, et forcément on finit par s'attacher à l'un ou l'autre, on devient dépendant de l'habitude.

     Autrui, aussi bien que la solitude me détruit. Il faut que je sois mon ami, et que je vive avec toi, l'espoir de mon imagination. Etre heureux, c'est déjà être authentique. Les autres seront à mes yeux seulement les occupants d'un monde. Il y en a un autre où nous habitons. La nostalgie, c'est un peu quand il nous manque quelque chose dont on ne sait rien.

     La prépa, ce ne sera peut-être pour jamais. J'aurais plutôt voulu d'une vie d'artiste, de rêves, de voyages et d'écriture.

     J'ai la trouille.

     C'est que depuis ces derniers mois, la solitude s'installe de plus en plus ici et là. Je me retrouve sans cesse sans un seul ami sitôt que je quitte le lycée. C'est une situation que je n'envisageais d'aucune manière auparavant. Mais voilà qu'en réalité, les amis sont le plus souvent éphémères, ou alors ils m'ennuient. On en change, ou pas.

     Le mercredi après-midi… Le week-end… sont devenus des moments que je redoute, où il m'est plus facile de craquer, tout seul dans mon coin, allongé sur mon lit pour tenter d'apercevoir un pan de ciel sur le plafond trop livide. Mais ce sont plutôt des après-midi maussades, à traîner les pieds sur des trottoirs habités par les passants gais qui ne me ressemblent pas.

     Pourtant ne me crois pas sans courage. J'essaie de ne plus me plaindre du désert, de m'y habituer et même de tenter d'y trouver quelque avantage. Mais je me mens comme j'essaie de fuir la vie qui est si moche. Je fais semblant d'essayer de me contenter de moi, comme ami. Mais passer des mois ainsi… et je ne te parle pas des vacances de Pâques… C'est comme si une barrière s'étendait autour de moi, « ne soyez pas ami avec ce garçon trop mauvais ».

     Seul François reste. Son amitié est certaine, est intangible et c'est dommage que je ne puis l'apprécier comme mon meilleur ami, alors que je suis le sien. Nous nous voyons rarement, mais je suis si content, parce que ce sont les seuls moments où j'ai l'impression de ne plus être seul au monde.

     J'essaie, j'essaie, je te promets… c'est si dur. Le pire, c'est peut-être le sentiment de culpabilité, parce que je sais bien que je suis l'auteur de mon impasse. D'abord, je suis bien trop difficile dans le choix de mes amis. Ensuite, je ne sais pas être suffisamment bon ami.

     Dis le moi, y a-t-il des raisons pour que je tienne à la vie ? Dis moi sans me mentir, si la vie se résume à discuter avec moi-même (toi ?), dis-moi que j'ai raison d'imaginer parfois les scènes où je m'ôte de la réalité irréparablement.       

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